serti
2018: Hôpital militaire de Serti, Nigeria.
fond
How di body ?
Jeudi 11 Octobre 2018
Acte I: Quand on arrive en ville ...
Depuis 2 jours, nous testons un bivouac fort original, une première dans notre tour du monde: "le camping à la caserne". En effet, après quelques jours de fièvres fluctuantes de Solenn (les jours pairs), la petite fille a changé de catégorie pour passer à celle de "forte-fièvre-qui-ne-veut-pas-partir". Arrivés en fin de journée dans la ville de Serti, notre première étape consiste à pouvoir "trouver" de l'argent, car chose très singulière au Nigeria: personne ne semble vouloir de U$D ou d'€uros. Jusqu'à présent nous avons échoué par 2 fois dans cette tâche, nous résignant à échanger les quelques francs CFA qui nous restaient pour une valeur bien en dessous de celle du marché. Mais à Serti, il y a une banque ! Enfin, presque, car à 17h elle est fermée et de toute façon, ses ATM ne fonctionnent pas avec les CB internationales, et ils ne changent pas de devises étrangères ... Comme la nuit tombe et que Solenn ne va pas mieux, on opte pour nous rendre au presbytère catholique du coin, n'ayant pas une seule Naira pour payer des médicaments. Là, la très sympathique Mme Cécila nous accueille et nous apprend que le père Emmanuel en charge du diocèse est absent jusqu'à la fin de la semaine. Elle arrive néanmoins à le contacter et il autorise sans problème que nous passions la nuit dans la propriété cléricale. On demande alors à notre hôte si il y a un hôpital pour faire un test-malaria, car Solenn est malade et que si le test est positif, j'ai le traitement adéquat. Elle s'inquiète de la forte fièvre et nous propose de nous conduire à un laboratoire tenu par un paroissien, et nous nous y rendons directement. Malheureusement, il est absent, et nous continuons alors vers un de ses collègue qu'on fini cette fois par dénicher. Il ne semble pas trop à l'aise, et moi encore moins quand il nous indique le banc dans la rue et qu'il commence à ramener son matériel à prélèvement. D'autant que Solenn à beau être fiévreuse, elle n'en demeure pas moins lucide et commence à protester bruyamment contre toute intrusion cutanée à son encontre ...
Acte II: La danse des aiguilles ...
Après une brève discussion dans un langage local, Mme Cécilia et le laborantin semblent être d'accord: Autant aller directement à l’hôpital pour un traitement. Il fait désormais nuit noire et elle nous dirige vers la sortie de la ville. Après une bifurcation, nous tombons directement sur un check-point militaire, et notre guide descend du Pitufo pour expliquer la situation. Assez rapidement, ils nous laissent passer et nous nous arrêtons un peu plus loin sur le parking de l’hôpital. Là, nous sommes rapidement accueillis par un gaillard qui annonce la couleur après juste quelques questions: Malaria. Je me permets de lui demander si on peut voir un médecin ... c'est lui le médecin ... oups !
Ils nous entraînent alors vers "une chambre plus appropriée", certainement relative à notre statut de "blanc surgit de nulle part" et on s'installe dans une pièce presque propre avec lit médicalisé, électricité, salle de bain privative et ... écran TV géant ultra-moderne que notre charmant docteur s'empresse de mettre en marche pour que nous puissions admirer la neige qui y est diffusée. Des personnes rentrent puis sortent, certains en civils, d'autre en mi-militaires et d'autres en tenues de camouflages ... Étrange ...
Un nouvel individu trapu s'approche, tout le monde se raidit dans la pièce: ça doit être le chef. D'ailleurs il se présente rapidement comme LE médecin de l’hôpital, inspecte rapidement Solenn du coin de l’œil et discute avec" l'autre" médecin. À nouveau quelques remous de personnels, et les première aiguilles surgissent: Il faut faire le test malaria et une IM de paracétamol pour casser la fièvre élevée (39°5 tout de même pour notre petite fille qui accuse 15kg sur une balance qui a dû connaître des jours meilleurs). Le spectre des aiguilles ayant re-surgit, Solenn commence à tenter d'intimider l'assistance et produit tout de même son petit effet grâce à ses vocalises très réussies chorégraphiées avec des coups de poings et pieds. Bref, nous serons 4 à maîtriser la petite furie pour 2 piqûres: une dans les fesses et l'autre sur le bout du doigt. S'ensuit une intense négociation pour éviter la pose d'une voie veineuse dans la mesure où Solenn accepte de prendre les cachets P/O, on teste le résultat pendant 24h, puis on avise. Las et les tympans percés, le médecin-chef accepte. Malheureusement, cette solution n'apportera guère satisfaction, l'état général de notre petite blonde stagnant dans la médiocrité. Donc hier soir, pose d'un cathéter, avec une Solenn qui a fini par accepter la fatalité et surtout parce que les cachets ont un goût "dégueulasse" qui lui provoquent des nausées. Le résultat a été assez rapide et la nuit a pu être reposante pour tout le monde entre les passages des infirmiers.

Acte III: Les bidasses en folie ...
Entre-temps, nous avons découvert que nous sommes dans un hôpital militaire, situé dans un camp militaire, d'où le check-point militaire de la veille et l'interdiction pour Olivier de se rendre en ville. Après vérifications de nos papiers par la moitié de la caserne, Olivier quitte le camp, mais est rattrapé devant la banque par les "services intérieurs" (ou secret, on ne sait plus trop). Il faut rentrer à la caserne. Pourquoi ? Car le chef n'était pas au courant, enfin, le "bon" chef, celui qui s'est levé tard et qui a découvert notre présence après tout le monde. Discussions, passeports, sourires pour nous, engueulades pour les plantons ... On nous attribue un chaperon qui escorte désormais Olivier en ville pour faire les courses (et certainement éviter qu'il se perde ?) Le nouveau chef propose de nous aider pour notre problème monétaire, passe quelques coups de tel et comme par enchantement, des billets arrivent en moto avec un taux légèrement au dessous du marché, mais correct cependant. Chic, on va pouvoir enfin acheter un peu de diesel, du pain, une carte SIM et tout le reste !
Acte IV: Banzaï !!!!!
Enfin munis de cash, nous voici désormais les heureux possesseurs d'une carte SIM. Nous contactons notre assurance sanitaire pour les mettre au courant de la situation. Très facilement joignables, les premiers éléments sont transmis et un dossier est constitué. Le lendemain, nous recevons un coup de téléphone de notre assureur qui nous informe que nous sommes dans un pays "hors couverture" (notre carte est pourtant royalement intitulée "Monde hors USA & Canada") et que le service commercial a été contacté pour savoir s'ils nous accordent une "gracieuse" prise en charge. Réponse plus tard dans la journée ... Ça c'est un autre coup dur, heureusement que Solenn va mieux ! Le téléphone sonne à nouveau assez rapidement, AVI va prendre en charge les frais médicaux sous réserve de justification médicale par leur médecin référent pour le Nigeria. Pour le coup, ni AVI ni Europe-Assistance (qui fonctionne avec AVI) ne sont avares en coups de fils. Le hic, c'est que notre médecin-chef (le capitaine Yusuf) n'est pas très content de son homologue français "qui parle très mal anglais" et qui lui pose beaucoup (trop) de questions. D'ailleurs comme il l'a en ligne, il me le passe directement. Étrange communication en effet, avec le pourtant très sympathique médecin français qui semble découvrir les réalités de l'Afrique. Bref, pour faire court, un obstacle (de taille) dans le dossier: l'absence de bilan sanguin contenant une hb. Une autre bonne façon de faire fonctionner certaines cordes vocales à pleins poumons consiste à réaliser ce genre de test qui nécessite un échantillon sanguin ... Et effectivement, les murs ont encore tremblé de plus belle !!!
Quoi qu'il en soit, nous remercions chaleureusement l'équipe médicale du 20ème bataillon de Serti pour l'ensemble de la prise en charge médicale de Solenn, les équipes d'AVI et d'Europe-Assistance qui se sont montrés très disponibles et très réactives, et bien sûr notre amie Mma Cécilia pour sa présence et ses attentions de tous les instants.
Quand ça va mieux ..
Quand la sortie approche ..
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Quand ça va mal ...
Avec le Cap. Dr Yusuf, Médecin Chef
Solenn entourtée de Mma Cécilia et de Nneta
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