2018: Camion en panne, piste vers Kwilu Ngongo, DRC.
Aventures congolaises ...
Dimanche 01 Juillet 2018
La
piste de l'enfer est conforme à nos attente: chaotique, poussiéreuse et nous n'avançons que lentement au rythme des turpitudes et autres ornières encore plus profondes qui se succèdent au fil des mètres ...
Partout des petits villages où les habitants nous saluent gaiement, notamment les enfants qui courent après le camion dans l'espoir de s'y accrocher. Nous devons fréquemment nous arrêter pour les faire déguerpir. Parfois, quelques hommes, paisiblement assis à l'ombre ou en train de boire une bière, nous accostent pour nous signaler qu'ils viennent de se souvenir qu'ils ont faim, ou qu'ils ont subitement soif, ou encore qu'une cigarette est indispensable à leur survie. Nous nous contentons de poliment rigoler de leurs exigences. Nous croisons aussi des camions en panne et devons parfois attendre qu'ils réparent ... Un camion fraîchement renversé nous fera également nous arrêter. Le chauffeur vient à notre rencontre et réclame des cigarettes ... Nous nous étions attendu à devoir servir d'ambulance, mais visiblement il y avait plus pressé ... Nous passerons notre route. Puis, après 70km de très mauvaise piste, nous arriverons enfin en vue des champs de canne à sucre qui signifient en langage local: piste entretenue (hé vouiiii, il faut bien que les camions de canne à sucre transportent leur produit !!!). Bref, nous arrivons en vue des premiers quartiers de Kwilu Ngongo, mais déjà un policier nous arrête et nous demande rapidement "Ne serait-ce que 20U$D pour m'aider" Devant le refus d'Olivier, il demande alors ce que nous avons à lui offrir. La réponse ne tardera pas: "le sourire de ma femme !", et sourire fut offert, et les policiers nous laissèrent passer ... Sans plus oser demander quoi que ce soit. Nous n'allons pas loin, puisque 10m après une barrière nous empêche de passer: Péage !
Là, les choses vont singulièrement se corser: Les sourires sont immenses sur les visages des préposés qui sont en train de mentalement compter les billets qui ne tarderont pas remplir leurs poches ... La modique somme de 100.000FC nous est demandée (environ 65U$D). Nous demandons alors à voir le document officiel qui spécifie de tels prix exorbitants ... Nous découvrons alors le tarif "étranger" et aussi que nous nous sommes transformés en bus pour les besoins du péage ... Nous passons 30 min à expliquer que nous ne transportons pas 30 personnes à bord, et ils finissent par le reconnaître. Nous changeons alors de catégorie: 50.000FC. Nous demandons alors pourquoi ? "Pour la route" nous répondent-ils en cœur ! Vous voulez dire "pour l’impraticable piste de 80 km que nous venons de parcourir en 2 jours ???" Réponse: "Madame, ce n'est pas une piste, c'est une route ! "
Ils sont rigolos, ils ne doutent vraiment de rien !
Est-ce vraiment nécessaire de préciser qu'absolument aucun des autres véhicules (motos, voiture, camions) qui passeront pendant les 3h de palabres ne paieront strictement rien ! Bienvenue au Congo !!!
Il fera nuit depuis déjà 1h, lorsque nous quitteront le poste de péage, allégés de 15$ (24.000FC). Heureusement, Jolino, le sympathique préposé nous emmènera à l'église catholique située non loin, et nous y serons chaleureusement accueillis par le père Thomas. Nous y passerons une très bonne nuit.