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2018: Défilé électoral, Banyo, Cameroun.
fond
Au pays de Paul Biya
Jeudi 04 Octobre 2018
Rallier Banyo en partant de Foumban n'est pas une mince affaire. Si les premiers 65 km étaient constitués d'une route bitumée assez récente, elle s’interrompt brusquement à la sortie de Magba pour devenir piste, puis mauvaise piste pour environ 150km. Là, nous nous sommes retrouvés confrontés à une situation assez typique du pays: des véhicules embourbés dans une entrée de village. Certaines mauvaises langues iraient même jusqu'à prétendre que ce sont les villageois qui entretiennent habilement le bourbier afin de développer une activité économique relativement prospère. Bref, après avoir longuement poussé le taxi dans la boue en vain, le chauffeur décide d'en décharger l'imposant chargement afin d'alléger le véhicule empêtré, stratégie qui finira par s'avérer payante, à défaut d'être spontanée. Naturellement, un autre taxi arrivé entre-temps se faufile pour  aller lui aussi s'embourber tout aussi rapidement. Moins chargé et surtout avec un moteur allumé, il s'en sortira un peu plus facilement. C'est à notre tour, car nous avons au préalable décliné l'invitation du chauffeur du poids lourd (environ 15T) de l'aider à dégager son véhicule enlisé jusqu'aux essieux avants dans la glaise collante. On a fini par abandonner l'idée de lui faire comprendre que "nous ne faisions pas le poids", mais que l'autre camion situé derrière lui par contre, aurait plus de chance en le tractant par l'arrière. Peine perdue.
Bref, nous nous élançons devant un public rassemblé en nombre et qui spécule déjà sur le coût d'une extraction potentielle, la couleur de notre peau favorisant inévitablement une inflation galopante de circonstance. Malheureusement, après une petite glissade et un mouvement incontrôlé de fin de parcours (qui a bien failli écraser une foule un peu trop compacte), Olivier délivre le Pitufo du piège et nous poursuivons notre piste, tout en étant nous-même poursuivis par un villageois qui semble réclamer quelque chose.

Arrivés à Banyo, dernière ville avant la frontière, nous sommes stoppés par une foule dense et colorée. "On ne passe pas !" Nous précisent certains badauds. C'est que la route est occupée par un meeting électoral qui, sans ambiguïté, vise à soutenir le candidat-président. Une foule compacte et joyeuse anime la rue. Nous faisons un détour dans les ruelles pour atteindre le centre ville, guidés par un sympathique responsable local. Alors qu'Olivier est occupé avec un ferrailleur pour ajuster les lames de suspension, un défilé surgit. Des cavaliers entourent le Sultan en exercice (qui est aussi sénateur, nous l'apprendrons un peu plus tard). La foule heureuse défile calmement, au son des musiciens et des danseurs. On en profite de notre coté pour savourer le spectacle. Nous croiserons ensuite encore par 2 fois ce défilé qui ponctue le début puis la fin du meeting électoral qui tourne à la véritable démonstration de force. Visiblement ici, les gens sont ravis de leur président: il n'y a pas l'eau potable, l’électivité fait défaut, les routes sont dans un état lamentable et les écoles tombent en ruine, mais avec un T-shirt, une casquette, un boubou ou encore une écharpe flanqués du visage étonnamment juvénile de infatigable octogénaire Paul Biya, on voit la vie en rose !
De notre coté, on ne se fait aucun doute sur le résultat prochain du scrutin ...
Bref, après avoir fait ce que nous avions à faire en ville (un peu de ferraillage, de change, de courses et une lessive), nous nous éloignons de la ville pour entamer notre progression vers la frontière.
Le lendemain, après les cours réglementaires, nous affrontons la piste rugueuse sous un beau soleil. Globalement meilleure que ce que nous avions expérimenté quelques jours plus tôt, certains passages restent néanmoins assez périlleux ... Alors que nous attendons que le douanier recopie les données des passeports, nous entendons à la radio que les frontières camerounaises seront fermées les 3 prochains jours pour cause d'élections ... Nous sommes passés tout juste !!!
Avant: pneus boueux ...
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... après: pneus propres !!!
Pour les voyageurs: Article détaillée du passage de frontière disponible ici.
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