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2018: Les plaines du Kwa Zulu, South Africa.
fond
Chez Philip & Patricia
Vendredi 26 Janvier 2018
La veille, nous avions repris la route et en milieu d'après-midi, et commencé à rechercher le bivouac idéal.
Si les plaines environnantes sont magnifiques avec quelques bosquets offrant une ombre bienvenue, toutes les parcelles sont clôturées !
Alors que nous faisions demi-tour faute de trouver ce que nous cherchions, nous croisons un pic-up. Il s'agit de Philip, le propriétaire des quelques 150 hectares du coin. Il doit déposer  des travailleurs au village voisin, mais nous indique d'entrer dans sa propriété en attendant son retour. Il revient assez rapidement et nous parle longuement de sa ferme et de sa vie de fermier blanc. Son histoire est singulière, il est originaire du Kalahari, au sud Namibie où ses parents étaient également fermiers. Il a quitté les terres arides de son pays natal pour les vertes prairies du KZN (Kwa Zululand Natal). Il est un descendant de ces "boers" ayant quitté l'Europe 2 siècles plus tôt et arrivés en chariots à bœufs.

Après les cours du matin de ce Vendredi, nous rejoignons Philip et Patricia chez eux pour le café. Ils sont charmants et nous passons quelques heures à bavarder. C'est particulièrement intéressant de connaître leur histoire, nous comprenons alors mieux leur amertume et leur nostalgie "d'avant 1994" (année des premières élections non-raciales qui ont vu Nelson Mandela devenir président).
En Afrique du Sud, la couleur de peau reste déterminante et conditionne toujours l'ensemble de la société.
Par exemple le gouvernement a mis en place des quotas de couleur pour l'ensemble du service public et les universités en fonction des données démographiques par couleur de peau: blancs / indiens / métis / noirs n'ont ainsi pas les mêmes critères de recrutement. Comme 80% de la population est de couleur noire, 80% des postes leur sont réservés. Par ailleurs, le niveau exigé est également réglementé par la couleur de peau et le sexe: entre 95% et 97% de bonnes réponses pour un blanc, 70% pour les indiens, 50% pour les métis, et 40% pour les noirs ... De quoi entretenir des rancunes tenaces. Très clairement, les plaies de l'apartheid sont loin d'être cicatrisées, trop de blancs vivant dans la nostalgie d'avant, tandis que trop de noirs considérant que la dette des blancs est loin d'être réglée ...
Nelson Mandela qui avait demandé le pardon des uns envers les autres n'aura pas réussi à ériger une nation fière de sa diversité et construisant son avenir sur les qualités et le respect réciproque. C'est pour nous un terrible gâchis humain intrinsèquement lié aux préjugés et savamment entretenu et orchestré par les politiciens de tout bord.
Avant de repartir, Patricia et Philip nous ont parlé d'un site historique, tout proche de chez eux, ce sera l'objet du prochain article.
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