2018: Récolte
du coton, Région de Bobo, Burkina-Faso.
Visions du Burkina
Samedi 20 Décembre 2018
Le
Burkina : Le cauchemar de Sankara
Sécurité:
Le ministère français des affaires étrangères a récemment recoloré en
rouge la quasi-totalité du pays suite aux incursions répétées et
impunies des djihadistes (dans les régions du Nord et de l'Est). Pour
autant, le pays n'est pas en proie à une guerre civile et la plupart des
régions vivent paisiblement, en grande partie du fait que les burkinabés
restent un peuple paisible. Nous n'avons jamais été inquiétés, et les
possibilités de bivouacs sauvages sont très nombreuses.
Routes:
Au Burkina, les routes principales sont en excellent
état pour ce qui concerne les axes Togo-Ouaga et Ouaga-Bobo. La route
Ouaga/Kongoussi est en mauvais état. Peu de contrôles policiers et
militaires. La spécialité du Burkina en matière routière, ce sont les
péages ! Impossible d'obtenir la grille tarifaire appliquée et la
décision du péagiste est irrévocable ... en matière de transparence,
les hommes intègres ont encore une belle marge de progression ! Pas de
soucis d'approvisionnement en diesel (prix quasi constant de 600 CFA /
L) en ville.
Gastronomie:
La spécialité locale: le Tau. C'est une pâte de mil ou maïs qui se
consomme accompagnée d'une sauce épicée du fait de son insipidité
naturelle. Bref, heureusement que l'on peut trouver des boulangeries
un peu partout ! Les baguettes sont croquantes et bon marché (entre
125-150 CFA). Peu de fruits dans le Nord, beaucoup plus dans le Sud
(Tenkodogo) du fait des importations des pays voisins. Pas de chaîne
de supermarchés rencontrée dans le pays.
Communications:
Nous avons acheté la carte SIM de l'opérateur Onatel. La connexion
était très bonne dans les villes et même à Séguénéga. Beaucoup
d'offres de forfaits à prix variables ex: 5Go pour 8.000 CFA / 1 mois.
Les Burkinabés:
Alors pourquoi le Burkina est devenu un cauchemar ???
Il était une fois un homme qui avait foi en son pays et qui rêvait d'y
voir s'épanouir son peuple. Malheureusement le "virage à 180°" entrepris
par beau Blaise s'est révélé d'une stupéfiante efficacité:
- En son temps, Sankara avait instauré des journées citoyennes
hebdomadaires où toute la population retroussait ses manches pour
nettoyer rues et villages. Aujourd'hui, le Burkina est une véritable
poubelle à ciel ouvert où les déchets qui jonchent immanquablement les
rues et villages semble n'importuner que les étrangers que nous sommes.
- Sankara avait mis en garde son peuple et plus largement les africains:
"il faut refuser ces aides [internationales] qui installent, qui
instaurent dans nos esprits ce réflexe de mendiant". Aujourd'hui, pas un
village burkinabé ne semble épargné par le financement d'un programme
d'aide internationale (parfois même ridicule en apparence: "programme de
création d'un sentier pour animaux"). Après 30 années d'aides, que
penser de la médiocrité du niveau de vie actuel d'un pays qui n'a
pourtant pas eu a subir (comme certains de ses voisins), les affres de
la guerre ... Pire, le "réflexe de mendiant" semble devenu la norme en
ce qui concerne les hommes et les enfants. Nous avons été stupéfaits
lorsqu'un adolescent, alerté par des camarades que nous pique-niquions
dans la brousse, est venu de son village distant de 2km en moto pour
nous apostropher d'un "le blanc cadeau" ...
- Enfin pour clôturer ce triste état des lieux, on nous avait vanté la
gentillesse naturelle des burkinabés. Et c'est vrai, les burkinabés sont
sympathiquement intéressés ... Lorsque nous nous trouvions dans une
communauté où nous étions connus (comme à Séguénéga), les
personnes (de la communauté) se montrait affables avec nous.
Re-devenus étrangers après notre départ, les autochtones se sont montrés
au mieux indifférents (jamais de salutation spontanée), au pire
harcelants (souvenez-vous du "le blanc, cadeau", une chanson très à la
mode sur notre passage ...
Alors bien entendu, le Burkina est bien une énorme déception dans nos
coeurs, et on a l'impression que ce pays assassine chaque jour un peu
l'Homme qui y était intègre ...
Partout,
des déchets ...